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JO 2024 : DES PRIX DES HÔTELS QUI EXPLOSENT DANS UNE VISION COURT-TERMISTE
Les tarifs des hôtels parisiens qui ont été fortement à très fortement augmentés à l’occasion des JO 2024 ont de quoi donner le vertige et surtout une image désastreuse qui va fatalement perdurer.
Ça y est. La presse s’est emparée du sujet des hôtels parisiens qui font dans la hausse himalayenne de leurs prix de chambres lors des JO 2024. Par exemple, un hôtel observé passe de 90 € en juillet 2023 à 1.363 € lors des JO 2024 pour la même chambre standard (enquête du Parisien). C’est sans doute un cas extrême, mais pas exceptionnel.
L’association de consommateurs UFC – Que Choisir a à son tour épinglé les hôteliers parisiens par une enquête sur les prix prévus durant les JO de 2024. « Le prix moyen d’une nuit d’hôtel à cette période sera de 1.033 euros, soit 3 fois le prix normal. Prenons l’exemple de cet hôtel 3 étoiles : le prix de la chambre est fixé à 294 euros hors JO. Pendant la compétition, le tarif montera à 2.362 euros, soit une augmentation de 700 % ». Plus lourd encore, beaucoup d’hôtels imposent des réservations d’au minimum 3 à 4 nuits.
L’enquête date de décembre 2023 et des pratiques vont encore changer d’ici les JO (voir plus loin).
En tout, ce sont des multiplications tarifaires par 3 et jusque par 16 (!) que l’on a pu observer ! Tant de monde (on attend entre 15 et 20 millions de visiteurs rien qu’à Paris et sa région), c’est une aubaine pour remplir facilement les caisses, vite fait, bien fait.
Selon l’Office du tourisme et des congrès de Pairs, le prix moyen affiché d’une chambre dans un hôtel deux étoiles a ainsi augmenté de 366 %, avec même un bond de 475 % pour un établissement comptant trois étoiles. Cette inflation a été taxée de « délirante » par l’adjoint à la Mairie de Paris en charge du tourisme.
Certes, cela se fait à présent partout lors de grands événements de ce type. On l’a vu lors des Jeux Olympiques d’été à Rio, à Tokyo et à Londres. Plus banalement désormais, les hôteliers parisiens ont pris l’habitude — passé la crise du Covid — de tripler voire de quadrupler leurs tarifs de chambres selon les périodes, au grand dam de leurs clientèles dont on ne se préoccupe pas.
Pour leur défense, ils revendiquent que cela se justifie par la loi de l’offre et de la demande. On sait aussi que si les réservations ne tombent pas en suffisance au fil des mois qui viennent, le marché pourrait se réguler (sic) en affichant des prix plus « raisonnables ». Sans doute. Mais, n’y a-t-il pas des limites à l’exagération ?
VISION COURT-TERMISTE
Cette stratégie à court terme — d’autres parleront de raisonnement « tiroir-caisse » — est déjà un calcul furieusement dangereux. Les réactions de la clientèle risquent de faire mal, très mal.
1) – Malgré la garantie d’une demande très forte, il n’est pas sûr que les hôtels atteindront 100 % de taux d’occupation justement à cause des prix jugés abusifs. Ce fut ainsi durant les JO de Londres en 2012 où l’hôtellerie a perdu 12 points de remplissage par rapport à un été normal. Bien sûr, les tarifs très rehaussés ont largement compensé les trous, mais cela ne put que rendre perplexe sur la stratégie.
PANIQUE DANS LES PLANNINGS : déjà en avril, à quelques semaines des festivités, les hôtels annoncent qu’ils sont loin de faire le plein dans leur planning de réservations. Soit, cela ne s’est pas bousculé pour réserver — pas étonnant, vu les prix des chambres annoncés et les conditions intransigeantes de réservations —, soit bon nombre d’annulations ont eu lieu, notamment par le Comité d’organisation. C’est le cas à Paris, mais aussi dans toutes les villes qui accueilleront des épreuves : Marseille, Lille, Châteauroux, etc.
Pendant la Coupe du monde de Rugby en septembre-octobre 2023, l’événement n’avait pas profité aux hôteliers. Ils ont vu leur taux d’occupation diminuer de 2,5 points en septembre par rapport au même mois de 2022 et – 5,9 points en octobre. En cause, une exagération sur les prix ? Sans aucun doute.
2) – On peut être certain que l’e-réputation des établissements qui abusent sur les tarifs, à la politique tarifaire dévastatrice pour l’image, va en prendre un sale coup. Les avis négatifs et les mauvaises notations émaneront en premier des clients qui veulent réserver et découvriront avec effroi les prix stratosphériques. De quoi s’en émouvoir aussitôt sur Internet. Et ce, bien avant les JO.
Les détestables commentaires en ligne viendront enfin des clients qui n’auront d’autre choix que de loger à ces tarifs. Car tout le monde ne vient/viendra pas à Paris et dans sa région que pour les JO. Des voyageurs d’affaires, dont de nombreux habitués des hôtels, et des touristes sont/seront là également. Se sentant pris en otages, vexés et plumés, leur vengeance s’exercera au mieux aussitôt tant envers des établissements de belle facture qu’à l’endroit de ceux qui ont une offre pourrie et qui osent vendre cher.
Au pire, les visiteurs ne reviendront plus, boycotteront des hôtels auxquels ils s’était fidélisés et produiront un mauvais bouche-à-oreille autour d’eux.
IMAGE DÉSASTREUSE et DURABLE
Sans compter un effet tache d’huile sur l’ensemble de la destination, rejaillissant sur l’ensemble de l’hôtellerie, même sur les hôtels qui seraient restés « sages » dans leurs prix… On accuse déjà les hôteliers d’être de funestes profiteurs, même s’ils ne seront pas les seuls. Les logeurs en appartements privés (types Airbnb) suivent apparemment la même démarche inflationniste.
3) – Avec des prix qui risquent de rebaisser si les réservations ne sont pas suffisamment au rendez-vous, comment les clients qui avaient déjà réservé en payant le prix fort vont-ils réagir à ça ?
Là encore, les commentaires assassins risquent d’apparaître en masse sur les sites d’avis en ligne et les réseaux sociaux, comme les escargots après la pluie.
Bref, pour gagner par opportunisme une somme provisoire d’euros durant ces 19 jours de compétitions, les hôteliers vont en contrepartie faire l’objet d’avis délétères et d’asphyxiantes notations d’e-réputation, qui eux seront très pérennes et s’afficheront durablement sur le Net, à la vue de tout le monde.
« Ce n’est pas grave, l’essentiel est de faire du business quand cela se présente » disent les hôteliers concernés en chœur ? Cela reste à voir, car 86 % clients d’hôtels tiennent compte des avis et commentaires en ligne avant de réserver (études Coach Omnium).
NB : Des intervenants (qui défendent les hôteliers aux pratiques tarifaires osées — soyons gentils) ont réagi en écrivant qu’il suffit d’ajouter des services pour que les clients avalent sans broncher ces prix démesurés. Ah ? Et quels services, généralement non demandés / sollicités ? Pas de réponse sinon qu’il y aura la conciergerie (sic)… (y compris dans les hôtels où il n’y a pas de concierge ?)
Mark Watkins
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